lundi 22 novembre 2021

Déjà entendu glauque

   L'autre jour à la médiathèque j'ai emprunté une compilation de Nino Ferrer, car j'aime bien, mais je ne connais que les quelques chansons les plus connues. Plus que trois malgré tout, contrairement à ce que disait l'artiste quelques mois avant de se faire sauter la cervelle d'un coup de fusil : "Tu te rends compte, j'ai écrit, composé et produit près de deux cents chansons, et les gens n'en connaissent que trois."


   Et voilà que j'entends cette chanson, Barberine, dont les paroles m'évoquent celles de l'album concept l'Homme à tête de chou de Gainsbourg, à savoir une histoire d'amour obsessionnelle qui frôle le fantastique tant les êtres y sont hybrides et les objets animés. Mais je trouve la mélodie (rien à voir avec Nelson pour le coup) sinistre, ne correspondant absolument pas à ce que les paroles sont censées évoquer de luxe, calme et volupté dans un wagon-lit avec une enfant-soeur capricieuse. Non, cette air m'évoque une rage de dents. Elle est discordante, morbide, répétitive, et surtout elle fait monter en moi un malaise fuyant mais familier, venu de l'enfance... Et je ressens l'application de cette scie douloureuse à un vulgaire fantasme d'homme mûr pour une Lolita, cette insertion d'une prosaïque bluette dans un écrin de bonne terreur archaïque comme une trahison. Dans quelle vie antérieure ai-je entendu cette petite musique lancinante, cette rengaine cauchemardesque ?

   Peut-être que mon aimable lectorat pourra contribuer à m'éclairer dans cette quête analytique...

Sauras-tu aider Wroblewski à découvrir dans quelles circonstances il a dégluti avec une voluptueuse angoisse une madeleine similairement empoisonnée ?
 
Litan, de Jean-Pierre Mocky, avec et musique de Nino Ferrer. Merci à Chroum-Badaban, Jules et Alex pour leur participation !
 

6 commentaires:

  1. C'est assez dichotomique effectivement mais j'aime bien le côté balade de fête foraine et d'auto-tamponeuses !

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  2. Oui, c'est vrai, il y a cette ambiance là ! Vieille fanfare de province mal accordée un peu aussi. Mais tournant en boucle dans un film angoissant, de par les évènements qu'il met en images et par leur absence de sens, cette mécanique sonore de divertissement stéréotypé, par contraste, n'en prend que plus un aspect sinistre, qui m'est resté dans la mémoire involontaire.

    Donc il faut trouver un film que ces quelques notes rythment faussement naïvement d'un bout à l'autre.

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  3. Le titre du film : L'Amour en autos-tampon !

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  4. On imagine que la présence de Fantomas constitue un indice, non ?

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  5. Cette musique ressemble à du Nino Rota.

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  6. Merci à tous les trois. L'Amour en autos-tampon, ça me rappelle ma jeunesse aussi.

    Le rapport avec Fantomas : Mocky a dû racheter un stock de masques aux ayants droits de Jean Marais.

    Je préfère Nino Rota, ses mélodies sont plus belles et tristes, celle-ci est vénéneuse je trouve. Mais je conviens qu'il peut y avoir des ressemblances (le côté forain ?...).

    Merci à vous !

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Y a un tour de parole !