mardi 15 mai 2018

Durruti, Ascaso et bibi

   Même au mitan de décembre au Mexique il fait toujours beau et Durruti et Ascaso, pistolet Star au poing, à contre-jour soudain surgissent, ils braquent la caisse et crient bien fort : "Haut les mains !" (en espagnol, bien sûr). Il y a aussi Gregorio Jover qui, d'un revers de manche, récupère vite fait le peu de ferraille resté sur le comptoir comme si les grosses coupures, déjà dans le sac, ne suffisaient pas. "C'est pour faire l'appoint !" il dit en rigolant, pour décrisper Durruti et Ascaso tandis que leur guimbarde pourrie démarre en crachant ses poumons et les emporte tous trois vers un joyeux Noël pour le journal du syndicat et des panoplies de Robin des Bois pour les petits morveux des favélas. Nous sommes en 1925, un peu comme aujourd'hui ; à Paris Fréhel - la Reine des apaches - chante Du gris et déjà Buenaventura Durruti, le rebelle, est mon ami.

Pas trouvé par Marguerite, vous l'aurez par Berthe

   Quand il m'arrive (pas souvent) de pousser la porte de la Banque Populaire [...], alors, c'est plus fort que moi, toujours je pense à Durruti et à son pistolet magique. Dans ma tête je crie bien fort : "! Manos arriba !" Mais parce que rien de ce qui m'est naturel ne peut apparaître comme vraiment dangereux, les paniquards de derrière les guichets, ne reniflant que dalle de louche là-dessous, du coup ne bronchent pas d'un cil et m'accueillent froidement tel n'importe quel quidam dont le compte depuis des lustres est dans les choux. Ainsi je reste planté au beau milieu de la banque, l'air un peu triste avec mon pistolet tirant à blanc dans ma tête et, oubliant tout à fait d'être odieux, je m'entends demander poliment au charançon de service s'il ne voudrait pas, par hasard, me consentir une petite avance, juste pour tenir jusqu'à la prochaine paye et ne pas mourir de faim ni surtout crever de soif avant le trente du mois. Sûr, je reste trop modéré au milieu des furieux et ne manifeste hélas pas, dans mon quotidien, la même impatience révolutionnaire que mon ami Durruti.

5 commentaires:

  1. C'est quel livre d'Autin-Grenier ?

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  2. L'Eternité est inutile.
    Adios compa.

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  3. Merci du tuyau. Ça donne envie...

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  4. Avec plaisir. Autin-Grenier parle aussi de Bakounine dans Toute une vie bien ratée. Bon, pas de manière approfondie, en dilettante, ce sont les héros de sa vie de poète-clown dépressif et glandeur, mais ces références sont tellement rares en littérature générale que ça fait du bien.

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  5. Mazette. Avec des titres pareils, ce devait être un joyeux drille le Pierrot.
    Mais il est vrai que vous y fîtes quelques allusions.
    On va fouiner du côté de notre bibli chérie.

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