On s'attendait à passer une nouvelle période glauque d'orgie consumériste, d'illuminations nucléaires et d'holocauste animal géant dans une atmosphère toujours aussi délétère, au propre (si l'on peut dire) et au figuré. Un peu avant la triste période, voilà que des astiqueurs de volant, le genre de mecs qui sécrètent comme des boucs en rut derrière toi à l'idée de te doubler à la prochaine occas', en te collant au pare-choc, parce que toi, même si t'es pas macroniste, 80 km/h, ça te va parfaitement ; voilà que ce blaireau, chef d'entreprise possédant désormais des pneus neige pour le prochain épisode dans 15 ans, on ne lui fait pas, à lui, et il n'est pas question qu'il ne puisse passer prendre sa maîtresse de la moitié de son âge et du tiers de son monde au premier flocon ; voilà que le français démerdârd, loufiat anti-assistés et pour l'éradication de ces "priviliégiés" de fonctionnaires, devenant le patron rêvé au volant de son bolide, enfin puissant dans sa concurrence libre et non faussée, même s'il noierait bien dans sa baignoire toute réglementation routière entravant sa frénésie ; voilà que tous ceux-là se rebiffent, ces villageois gaulois qui sont chez eux dans la start-up France au si joli logo. Et les médias les ont à la bonne, parce que, d'après les commentaires attrapés ici ou là (je n'écoute pas les médias), ils en sont tout excités de ce nouveau happening marketing de marque Gilet Jaune (encore plus con que Je suis Charlie, fallait le faire), tellement plus sexy (pour eux) que ces puent la sueur de cheminots, ces zonards hostiles au droit de zadistes, ou ces m'as-tu-vu de solidaires avec les migrants, entre autres. Ils en sécrètent aussi, du coup, les médias, d'autant plus que tout ça c'est grâce à Zuckerberg !
Bof, pour ma part je m'apprêtais à faire le mort et le gros dos, comme pour toutes les coupes du monde, jeux olympiques, bonnets rouges ou élections. Un mauvais moment à passer sous la couette, voilà tout.
Et bien non ! voilà pas tout : d'après les copains (je le répète, je contemple peu de terminaux mainstream, peux pas), ce beauf absolu, adepte de bagnole, de télé et de tiercé (j'en suis conscient, cette citation fait un peu vieillotte aujourd'hui), se révèle finalement un fier et généreux émeutier (ça, on ne peut pas le lui enlever, chapeau ! sacrément déter' ! courageux ! solidaire !), n'est pas forcément le branloteur d'embrayage que les premières revendications pouvaient nous laisser imaginer, et si des "on est chez nous" en sont, ils sont minoritaires. C'est des pauvres contre les riches, et ça nous fait passer un joyeux Noël, avec les illuminations qui vont bien ! On fait solennellement amende honorable aux gilets jaunes, on pense aux mille prisonniers, aux gueules cassées et aux estropiés par les lâches bleus casqués et bottés de la république ou les chiens baqueux, on prie fort pour que le petit Noël du Jésus du patronat de l'Elysée et de son monde soit aussi leur Passion, ce sera toujours ça de pris, on prie aussi pour que les GJ ne finissent pas par nous faire voir 5 étoiles, et on se passe quelques chansons en hommage à tous les colonisés de la start-up nation, intérieurs et extérieurs.
Hommage aux colonisés intérieurs des campagnes et des provinces.
Hommage aux ex-colonisés de l'extérieur, actuels colonisés de l'intérieur en banlieue.
Hommage aux colonisés extérieurs de l'outre-mer.
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