Marcel Aymé se réfère ici à la tradition régionale de la maison dite "en bois de lune", que l'on retrouve curieusement, de nos jours, en Colombie, à Medellin. On appelle ainsi "invasions" des "terrains municipaux sur lesquels s'installent, sans autorisation, les nouveaux arrivants en ville, y construisant en une nuit le plus possible de «maisons»" (Le Monde diplomatique, avril 1996, p.9).Michel LécureurAutour d'une table brinquebalante au lieu dit Le Maquis, la discussion court sur les gecedonku turcs, des bidonvilles installés illégalement en une nuit, la loi ne s'appliquant pas entre le coucher du soleil et le matin. Ces auto-constructions forment des quartiers entiers, qui témoignent de la combativité d'habitants n'ayant plus rien à perdre, sauf leur logis du jour.Dans son roman Contes de la montagne d'ordures, Latife Tekin raconte que l'un de ces gecedonku a été 37 fois détruit par les autorités et remonté opiniâtrement pendant 37 nuits suivantes. Jusqu'à ce que les bulldozers et les officiels lâchent l'affaire. Belle victoire littéraire de la ténacité et de la taule de fortune.Nicolas de la Casinière
Le samedi suivant, vers 8 heures du soir, au retour des champs et après avoir dîné de pain et de fromage, Arsène et Urbain quittèrent la ferme avec une voiture chargée de briques
, de tuiles, de pièces de bois et d'autres matériaux de construction. Elle était si lourde que le cheval eut de la peine à démarrer. Arsène, qui avait depuis longtemps passé commande au charpentier et au menuisier, ne s'était décidé que l'avant-veille à faire connaître chez lui ses projets. Il s'agissait de bâtir une maison à Urbain sur le terrain communal de la Reveuillée. A Vaux-le-Dévers, l'usage accordait à tout homme sans toit, qu'il fût résident ou étranger, le droit de construire une maison sur les terrains communaux, et les jouissances et prérogatives de propriétaire, pourvu qu'elle fût élevée en une seule nuit.
Cette condition n'était pas seulement une précaution restrictive. Elle servait aussi d'alibi à la commune, car on ne saurait, sans honte, aliéner une partie de son bien, même en faveur d'une personne sans abri. Lorsqu'une maison venait de se bâtir dans la nuit, la commune n'avait pas à se reprocher la faiblesse d'un abandon charitable. Elle se trouvait en face d'un fait accompli. Arsène avait choisi un bout de pré communal en bordure de la route, à une centaine de mètres de chez Mindeur. Urbain pourrait apercevoir, à travers les arbres, la maison où il avait travaillé pendant trente ans.
Le choix de l'emplacement offrait aussi l'avantage de contrarier les Mindeur qui avaient l'habitude d'y lâcher leurs cochons.
Dans l'ensemble, la famille avait accueilli fraîchement la décision d'Arsène. On y voyait une hâte indécente et presque injurieuse pour le vieux. On avait l'air de lui forcer la main, comme si l'on craignait de le voir s'incruster à la ferme. C'était d'autant plus gênant que Louise n'avait cessé de répéter au vieux que son départ ne pressait pas, qu'il eût à prendre son temps pour se préparer à une nouvelle existence et qu'il trouverait toujours à la ferme le vivre et le couvert.
Cette mise en demeure soudaine la vexait et la chagrinait. En outre, on trouvait saugrenu l'idée de construire une maison de quatre sous, nécessairement réduite, alors qu'il y avait à Vaux-le-Dévers plusieurs maisons à louer où, moyennant une faible dépense, Urbain trouverait plus d'espace et de commodités. A toutes ces objections, ouvertement formulées, Arsène n'avait pas cru devoir opposer ses raisons et s'était borné à déclarer : "Ce qui est décidé est décidé. Si la maison ne lui plaît pas, il sera toujours libre d'aller s'installer ailleurs."
Victor, de la fenêtre de la cuisine, assista au départ de la voiture avec une muette indignation. Il s'interdisait de prêter la main à ce qu'il considérait comme une exécution inique, vexatoire, et plus encore, une sottise. Depuis l'avant-veille, il ne s'était pas fait faute d'éclairer Urbain sur les sentiments qui incitaient Arsène à cette entreprise et les inconvénients matériels qu'elle offrait. A plusieurs reprises, il l'avait pressé de se déclarer fermement contre le projet.
Le vieux n'avait pas répondu. Pourtant, lui aussi, et plus que personne, il était hostile à l'entreprise. La maison elle-même lui importait peu. Il ne s'arrêtait pas à en peser les avantages et les inconvénients. Mais l'empressement d'Arsène à l'écarter de la ferme et surtout sa constance dans la dureté emplissaient son cœur d'amertume. En pensant aux soins et à la tendresse qu'il avait prodigués au garçon dès son plus jeune âge, il lui semblait avoir donné son affection à un monstre. Il se disait qu'il eût mieux fait d'aimer un chien.
Arsène menait le cheval par la bride. Il n'y avait pas plus de trois cents mètres à marcher. On apercevait le buisson d'églantines poussé au bord du terrain, près de la route. Urbain suivait à côté de la voiture, les yeux fixés sur la silhouette courte et puissante du garçon au cœur sec. Sans lui, pensait-il, nul n'aurait jamais songé à le renvoyer, et il eût fini ses jours là où s'était écoulée une moitié de sa vie. Urbain n'avait jamais ignoré que le jeune maître fût dur, mais jusqu'alors, il avait cru à son amitié, et sa désillusion lui était plus douloureuse que l'idée de la séparation et de la solitude. Tout à l'heure, dans l'écurie, en posant le harnais sur le dos du cheval, et comme Arsène s'approchait pour lui donner un coup de main, il avait failli lui demander pourquoi il lui en voulait, mais sa fierté l'avait étranglé.
Il faisait encore jour, mais comme le soleil était couché, on pouvait se mettre au travail. Jouquier, le maçon, venait d'arriver avec une voiture à bras transportant ses outils et des sacs de chaux. Son fils devait le rejoindre dans la soirée. Le maçon promenait déjà son mètre pliant sur le terrain et plantait des jalons dans la terre.
La maison d'Urbain devait se composer de deux pièces, l'une regardant la route et les haies, l'autre la rivière. Arsène avait voulu que la façade vint s'encadrer entre un frêne et un cerisier distants de huit à dix mètres. Comme le temps était mesuré, on avait décidé d'économiser sur la maçonnerie qui était le travail le plus long et de multiplier les ouvertures. Chacune des pièces aurait deux grandes fenêtres que le menuisier n'aurait qu'à poser le moment venu. Les murs seraient constitués par une forte ossature de bois, la brique comblant les intervalles.
La première besogne fut de creuser quatre trous afin de planter les montants qui soutiendraient la carcasse aux quatre coins de l'édifice. Ayant dételé le cheval qui rentra seul à la maison, le vieux, plein de rancœur, se mit à creuser avec la conscience qu'il apportait à toute espèce de besogne. La terre n'avait jamais été remuée, sinon en surface par les cochons de Mindeur, et la sécheresse de l'été l'avait encore durcie. Pendant qu'Arsène et Urbain piochaient, Jouquier creusait une rigole le long d'un cordeau tendu entre les trous.
Comme il s'agissait d'une construction légère, les fondations devaient être peu profondes. Le menuisier et le charpentier arrivèrent ensemble avec une voiture chargée de pièces de charpente, de fenêtres, de portes et de planches. Sans prendre le temps d'un bonjour, ils se mirent à décharger en rangeant les pièces dans un ordre commode et profitèrent du reste de jour pour procéder à certains assemblages. Pressés par l'heure, les six hommes travaillaient en silence, sauf Jouquier qui s'emportait contre le retard de son garçon.
"Vous verrez que ce feignant-là, il sera resté à traîner chez Judet. Un samedi soir, il n'y a plus moyen de les tenir, à présent." Quelques curieux s'arrêtaient au bord du chemin et, gênés d'être eux-mêmes inactifs, s'éloignaient presque aussitôt. Beuillat vint offrir ses services à Arsène, mais sans chaleur et en ayant soin de faire observer qu'il n'était pas en tenue de travail. Arsène déclina et, profitant d'une minute où ils se trouvaient un peu à l'écart des autres, lui dit à mi-voix : "Demain après-midi à cinq heures à l'étang des Noues, près du déversoir." Beuillat n'était venu que pour s'assurer de ce rendez-vous.
"Ça m'aurait fait plaisir de vous aider, dit-il, mais je n'insiste pas."
Les Mindeur étaient à table et voyaient le chantier par la fenêtre de la cuisine. Ce n'est pas nos affaires, disait Noël, mais lui-même ne pouvait s'empêcher de surveiller les progrès des travaux. La carcasse de la façade était déjà ébauchée et se dressait comme un portique dans la lumière du soir. Armand espérait que la bâtisse s'écroulerait avant peu et peut-être sur la tête d'Arsène.
"Et d'abord, ils ont vu trop grand. Avant qu'il soit jour, je suis sûr qu'ils n'en auront pas seulement fait la moitié.
-
S'ils vont de ce train-là, fit observer Juliette, je croirais plutôt que leur maison, elle sera finie au milieu de la nuit.
- Toi, quand il s'agit de parier pour Arsène, tu n'es jamais en retard. Mais ce n'est pas de le regarder avec des yeux de carpe qui l'avancera.
- Finie ou pas, dit Noël, c'est du pareil. Personne qui viendra chicaner là-dessus. Il y a trois ans, je me rappelle quand le magnin a bâti la sienne, il y avait juste deux murs debout au soleil levé. On n'a pas été lui chercher des poux dans la tête.
-
Ca se peut, répliqua Armand, mais moi, je suis citoyen de la commune, et si tout n'a pas été fait comme il faut, je ne me gênerai pas de réclamer. A chacun son droit. S'ils veulent nous empêcher de mettre nos cochons dans le terrain, qu'au moins ils fassent leur travail comme ça se doit. Autrement, ce serait trop commode. Je ne vois pas pourquoi j'irais faire un cadeau à Arsène. Il ne m'en fait pas lui.
- Tu me feras le plaisir de rester tranquille. On aurait bon air d'empêcher Urbain de se faire un logement. Moi, ça ne me gêne pas qu'il vienne là.
-
Vous ferez comme vous voudrez, mais moi, j'empêcherai qu'on vole la commune. Et il faudra bien que les autres m'écoutent et me donnent raison."
Noël faillit s'emporter, mais Juliette lui dit avec un air de quiétude qui mit son frère en fureur :
"Laissez donc, papa, la maison sera sûrement finie demain matin. Il en sera de s'être monté la tête pour rien."
Germaine était restée étrangère à la dispute et le regard de ses beaux yeux de vache ne quittait pas la fenêtre.
La vue de tous ces hommes s'affairant à portée de voix lui avait mis le sang en mouvement. Vers le milieu du dîner, elle ne put tenir sur sa chaise.
"Il me semble d'avoir entendu rejinguer le cheval dans l'écurie, répondit-elle à une question de sa mère. Je vais voir s'il ne serait pas détaché.
- Reste à ta place", ordonna le père.
La dévorante se laissa retomber sur sa chaise. La poitrine se gonfla jusqu'au milieu de la table et exhala un soupir qui rabattit une moustache de Noël contre son oreille et alla dresser les poils du chat dans un coin de la cuisine.
Le charpentier avait pris la direction des travaux, distribuant et coordonnant les efforts. La disposition des pièces de bois qui formaient l'ossature des murs relevait de sa spécialité. Bien qu'elle eût été prévue, calculée, elle laissait place à l'inspiration et posait à chaque instant des problèmes. Pendant qu'il mettait les éléments en place et les ajustait, le menuisier clouait, rognait des ais, enfonçait des coins. Jouquier garnissait les intervalles de briques et de mortier. Arsène et Urbain faisaient besogne de manœuvres, apportant les matériaux à pied d’œuvre, creusant des trous et modifiant, selon les besoins, l'inclinaison des phares à acétylène.
Belette arriva vers 10 heures et s'employa utilement à l'éclairage en se transportant avec un phare sur tous les points du chantier où on la réclamait. En se déplaçant dans la nuit noire, le faisceau de lumière blanche faisait brusquement surgir un homme dans le champ des projecteurs, ou découvrait de l'autre côté de la route des gerbes de blé alignées sur le chaume. Belette prenait plaisir à ces revanches sur la nuit et était tentée de suivre sa fantaisie, mais les hommes n'avaient égard ni à son sexe, ni à sa jeunesse et la rappelaient à l'ordre en jurant mille dieux.
Peu après son arrivée, on entendit un énorme galop de savates sur la route et Germaine Mindeur déboucha dans la lumière des phares qui la laissa d'abord éblouie. Elle s'était arrêtée court, mais ses yeux clignotants cherchaient déjà une proie. La poitrine et la croupe se donnaient un mouvement lent qui prenait de l'amplitude. Arsène, occupé avec Urbain à porter un lourd poteau, mesura le danger. Il eut l'inspiration de confier son fardeau à la dévorante et lui demanda de le remettre aux mains du charpentier. Elle prit le poteau à deux mains, équilibra habilement la charge et s'ébranla d'un pas ferme et prudent.
Ses ardeurs étaient déjà assoupies. Lorsqu'il exigeait une grande dépense musculaire, le travail la fascinait. Arsène n'eut pas besoin de lui proposer d'autres tâches. Elle se mit aux ordres du charpentier et, ne sachant plus pourquoi elle était venue, abattit le travail de plusieurs machines à vapeur. Certains problèmes de mise en place s'en trouvèrent notablement simplifiés. Les hommes s'en émerveillaient. Belette s'oublia plus d'une fois à considérer la poitrine qui lui arrachait des soupirs d'envie.
Urbain s'était laissé prendre à la fièvre des ses compagnons et en oubliait sa rancœur.
Comme les autres, il jouait contre l'heure et contre la nuit et, les nerfs tendus par la course, ne pensait plus qu'à gagner le pari. Le sens et la destination de l'entreprise s'étaient presque effacés de son esprit. Pourtant, à plusieurs reprises, il lui arriva de s'arrêter en face de la maison pour en avoir une vue d'ensemble. Dans la lumière des phares, l'ébauche se précisait, prenait forme. Il en éprouvait chaque fois un léger saisissement et se remettait à l'ouvrage avec le sentiment confus et fugitif qu'un changement s'opérait dans sa personne. Peu à peu, un lien semblait se nouer entre la maison et lui.
Il était plus d'11 heures quand René Jouquier, le fils du maçon, arriva sur le chantier. Il avoua sans la moindre gêne s'être attardé chez Judet en nombreuse compagnie et comme son père le lui reprochait en termes vifs, il répondit que pour avoir passé deux heures au café, il ne serait pas plus pauvre le lendemain. En effet, le maçon n'avait pas voulu que ce travail de nuit lui fût payé. Et le charpentier et le menuisier ne l'avaient pas voulu non plus. Il ne s'agissait pas seulement d'un service amical, mais encore d'un pari tenu en commun. Une rétribution n'aurait pas été dans l'esprit de cette course contre le temps et la victoire escomptée eût paru moins belle.
La réflexion du garçon parut à Jouquier si indécente qu'il lâcha sa truelle et se jeta sur lui en criant cochon, tu me fais honte. Mais le charpentier fut assez prompt pour l'empêcher de se faire justice.
"Demain matin, dit-il à Jouquier, tu lui flanqueras la correction qu'il mérite. Mais pour ce soir, on n'a pas le temps.
- C'est bon, acquiesça le maçon en reprenant sa truelle. Mais tu vas me foutre le camp, tout de suite. Ici on est tous des gens qui savent les manières. Un goret, on n'en a pas besoin. Hors d'ici, mal poli."
Le garçon s'effaça dans la nuit, le temps de laisser s'apaiser la colère paternelle, et quelques minutes plus tard, revint furtivement prendre sa part de l'effort. Jouquier voulut bien ignorer sa présence jusqu'à ce qu'il se fut racheté par un zèle persévérant. L'apport d'une deuxième truelle se fit heureusement sentir. La maçonnerie montait plus vite entre les intervalles de bois, et la carcasse des murs prenait corps. A 1 heure du matin, les travaux étaient assez avancés pour que le charpentier se désintéressât des murs et amorçât la mise en place de la charpente. Arsène distribua des casse-croûte et fit circuler des bouteilles de vin.
La pause ne dura pas plus de cinq minutes, mais on s'aperçut que Germaine Mindeur en avait profité pour s'enfuir en emportant le fils du maçon. Il avait suffi de ce court répit pour que la dévorante, échappant à la fascination du travail, sentît se réveiller ses ardeurs. Heureusement, le garçon, à la faveur de la nuit, put s'échapper au bout d'un quart d'heure et reprendre la truelle. Cette fois, Jouquier ne lui fit aucun reproche. On ne saurait reprocher à personne d'avoir été surpris et roulé par la tempête. Quoique inassouvie, Germaine vint reprendre sa place au chantier.
Quand le ciel commença à blanchir sur la forêt, les maçons en avaient fini avec les murs extérieurs et travaillaient à la cloison intérieure. Ayant déjà mis en place les fenêtres et les persiennes, le menuisier posait les serrures des portes. Sur le toit, il restait à consolider l'assemblage des pièces de charpente. Le charpentier y mettait la dernière main. Arsène clouait les lattes où devaient s'accrocher les tuiles de la toiture. On avait encore une heure devant soi jusqu'au lever du soleil. La surface à couvrir n'était pas grande, mais Arsène avait fait choix de petites tuiles plates qui faisaient nombre à la rangée.
Il fallut mettre quatre couvreurs au travail. Les autres faisaient la chaîne pour passer les tuiles. A cheval sur l'arête faîtière, et retroussée jusqu'au haut des cuisses, la grande Mindeur recevait les charges de tuiles que Jouquier lui tendait du haut de l'échelle et les distribuait entre les quatre compagnons. La besogne allait vite, mais le ciel se dorait déjà sur les bois, la rosée brillait sur les haies, sur les chaumes, et un merle se mit à siffler. Chez les Mindeur, Armand apparut à la fenêtre de la cuisine, tenant ostensiblement sa montre à la main, prêt à accourir et à constater, le cas échéant, que la maison n'était pas achevée au lever du soleil. L'un des arbres qui l'encadraient lui dissimulant une partie du bâtiment, il sortit pour en avoir une vue plus complète et faillit s'étrangler de rage en découvrant au sommet du toit, les cuisses de sa sœur, toutes ruisselantes des feux de l'aurore.
La dernière tuile posée, les compagnons ramassèrent leurs outils et s'éloignèrent sans donner seulement un coup d’œil à la maison. Aussi fraîche que si elle fût sortie de son lit et ne comprenant pas qu'ils étaient exténués, la dévorante leur emboîta le pas. Arsène, resté seul sur le toit, entendait résonner son grand rire gourmand. Finis donc, grande salope, gémissaient les hommes avec des voix dolentes. Belette, titubant de fatigue, cheminait vers la ferme et la voyant si chétive et frileuse dans la lumière de l'aube, il fut pris d'un remords et d'une tendre inquiétude. Lui-même était harassé, les membres gourds, et le froid du petit matin le fit frissonner. Comme il mettait le pied à l'échelle, il vit le soleil émerger derrière la ligne des bois dans un ciel de rose et de paille. Tous les oiseaux chantaient. Une cheminée se mit à fumer au milieu du village.
La dernière tuile posée, les compagnons ramassèrent leurs outils et s'éloignèrent sans donner seulement un coup d’œil à la maison. Aussi fraîche que si elle fût sortie de son lit et ne comprenant pas qu'ils étaient exténués, la dévorante leur emboîta le pas. Arsène, resté seul sur le toit, entendait résonner son grand rire gourmand. Finis donc, grande salope, gémissaient les hommes avec des voix dolentes. Belette, titubant de fatigue, cheminait vers la ferme et la voyant si chétive et frileuse dans la lumière de l'aube, il fut pris d'un remords et d'une tendre inquiétude. Lui-même était harassé, les membres gourds, et le froid du petit matin le fit frissonner. Comme il mettait le pied à l'échelle, il vit le soleil émerger derrière la ligne des bois dans un ciel de rose et de paille. Tous les oiseaux chantaient. Une cheminée se mit à fumer au milieu du village.
A SUIVRE...
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