lundi 16 juillet 2018

Vous faites erreur, je ne suis pas Champion...

Ô Peuple, nous t'aimons immensément :
N'es-tu donc pas la pauvre âme ignorante
En proie à tout ce qui sait et qui ment ?
N'es-tu donc pas l'immensité souffrante ?

La charité nous fait chercher tes maux,
La foi nous guide à travers tes ténèbres.
On t'a rendu semblable aux animaux,
Moins leur candeur, et plein d'instincts funèbres.

Paul Verlaine


Entre l'autruche et le footballeur, le rapprochement est [...] flagrant : la danse d'amour, par exemple, est presque la même. Exemple : mettons vingt-deux autruches dans le désert de Zobi. Donnons-leur une noix de coco. Aussitôt, les autruches se divisent en deux camps de onze et se mettent à courir comme des cons dans tous les sens pour pouvoir taper dans la noix de coco. Quand une autruche arrive à envoyer la noix de coco entre deux cactus, c'est le signe de l'amour. Les autruches commencent par sauter sur place puis elles se filent des grands coups d'ailes dans le dos et s'embrassent goulûment. L'instant d'après, c'est la copulation qui assurera la survie de l'espèce autruchienne. Les footballeurs font exactement la même chose, mais leur quotient intellectuel étant légèrement inférieur à celui de l'autruche, ils sont incapables de sortir leur sexe au moment de l'embrassade générale. Alors ils recommencent à taper dans le ballon, jusqu'à épuisement complet. C'est pourquoi les footballeurs ne se reproduisent pas, ils shootent : c'est la femme de l'équipe de France qui me l'a dit.

D'après Pierre Desproges.

2 commentaires:

  1. Quelle misère, le foot !...
    Il fallait voir l'hystérie générale qui a suivi la victoire de l'équipe de France. Déprimant.
    En tout cas, heureusement, nous reste-t-il la poésie de Verlaine et l'humour de Desproges !

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  2. Salut Elly, oui, tout à fait d'accord. Pour la demi-finale j'ai eu l'imprudence de revenir de chez des amis en vélo, pile au moment de la fin de leur partie : j'ai cru que je ne reviendrais pas chez moi vivant, et surtout j'ai désespéré de l'espérance en un sursaut de l'humanité vers une révolution qui sauverait sa dignité et le vivant, et ferait de la terre mère un monde habitable et libre, en sentant l'haleine de ce demeuré pavoisé aux trois couleurs me poursuivant sa bière en main et sa sirène hurlante près de mon oreille juste après que son pote ait essayé de m'empêcher de passer avec sa muleta tricolore. Et encore ceux-ci n'étaient pas motorisés. Du coup, pour la finale, je suis resté à la maison en tâchant de me réciter des poésies en guise de mantra (j'avoue que j'ai prié pour la victoire de l'équipe de Croatie de ballon au pied, ce n'est pas très sympa pour les croates, mea culpa).

    A bientôt !

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