Bon, j'imagine bien que l'aïkido, cette discipline malgré tout relativement confidentielle, n'intéresse pas foule de mes légions de lecteurs. De plus Christian Tissier n'est pas mon professeur. Si j'ai fait un, peut-être deux stages avec lui, c'est bien le bout du monde, c'est le cas de le dire en l’occurrence d'ailleurs, car lui y est parti à 18 ans, au bout du monde. Je reconnais évidemment son expertise, j'aurais bonne mine à faire la fine bouche, petit yondan de banlieue que je suis, et je reconnais également qu'il est pour une immense part artisan de l'aïkido français tel qu'il existe aujourd’hui, cohérent et d'une haute technicité, même si la discipline reste encore divisée en deux fédérations, plus quelques gourous se tirant la bourre autour. Mais cela dit je ne suis pas un de ses fans inconditionnels comme il y en a tant, peut-être est-ce uniquement hasard de rencontre...
Pourtant, j'ai eu envie d'encastrer cet entretien ici. Il me parait passionnant pour les aficionados de l'art qui me sert de médicament depuis 21 ans maintenant, son histoire, son sens. Mais ce qui m'a surtout réjoui et impressionné, c'est l'aventure de ce jeune homme, fils d'ouvriers, qui, négligeant les trois jours (pour les plus jeunes de mes myriades de lecteurs, aussi nombreux que les grains de sables de 1000 Gange, les trois jours étaient la convocation au service militaire, à l'époque de papy), prend le transsibérien pour ensuite passer du pays qui liquida les soviets à celui du soleil levant, comme Bakounine. Tintin au pays de l'aïkido. Cette épopée, moi qui suis timide et casanier, qui n'ai guère quitté ma basse cour, et dont l'avenir, à 18 ans, allait essentiellement être calé, les dix années suivantes, sur les zincs des bistros les plus cradingues, ça me fait rêver, forcément.
Évidemment, en 68, d'autres aventuriers vivaient des journées au cours desquelles la martialité était réenchassée dans la vie, classe contre classe et aspirations libertaires contre société sclérosée et autoritaire. Aventures moins individuelles, tous ensemble ouais !... ouais ! Grève sauvage générale remplaçant odyssée à distance orthodromique conséquente ; mobilité entre barricades et barres de bourres certainement plus dangereuses que sur tatami où quand même rares sont les blessés. Mais il faut de tout pour faire un monde, nous n'avons pas tous le même substrat culturel, éthique, passionnel, et finalement, l'exil rimbaldien de cet adolescent qui ne vendit pas d'armes mais produisit des hectolitres de sueurs à en manipuler des artefacts en bois, à la découverte de l'autre, vierge et ouvert comme une nouvelle page de blog, peut aussi être un enseignement inspirant.
Il y a 7 vidéos plus une intro. Sur les 7 vidéos, le générique est en anglais, mais ne vous inquiétez pas, l'entretien est dans la langue de Bossuet.
Bonne progression sur la voie inégalée les amis.
La suite sur YT, tu sais faire, jeune pousse, à toi d'attaquer !
Il est des parcours !...
RépondreSupprimerJ'aime les arts martiaux, avec un père fan de Bruce Lee et dont le meilleur ami enseigne le viet vo dao, on va dire que j'y baigne depuis mon plus jeune âge. Mais pour ma part, ce sera tai chi chuan, et le plus lentement possible.
J'ai fait une initiation au Tai Chi en clinique, ça m'a super plu. Je pense que j'aurais aimé. Mais j'avais déjà été contaminé par le virus aïki, et si j'y réfléchis... le Tai Chi n'aurait pas bougé suffisamment pour moi. J'aime à me sentir comme à l'intérieur d'une machine à laver le linge.
RépondreSupprimerMerci de votre visite Elly !