vendredi 18 janvier 2019

La dose de Wrobly : nivôse 2018-2019 EC


   - Michel Bakounine.- Théorie générale de la Révolution.
   Dans la confusion ambiante, quelle assise retrouvée dans la fréquentation du Maître ! Elle me replace au centre de ma spiritualité matérialiste en quelques paragraphes simples où tout est dit.
   De même, la période révolutionnaire actuelle, sous l'égide des chasubles fluorescentes que l'on connaît, souligne l'importance de se retremper dans un peu de théorie. En effet, quid de l'avenir de ce mouvement ?
   La question semble vitale pour la suite, car même s'il est évident que le pouvoir, politiciens et médias en tête, prennent soin de surexposer et d'amplifier la présence des certainement marginaux aspects et guignols fascistes de la fronde afin de la discréditer, nous n'en sommes pas moins, à la Plèbe, incommodés par la malgré tout prégnante présence dans les occupations, défilés et émeutes de l'étendard versaillais ou contre-manifestant des Champs-Elysées du 30 mai 1968, ou bien de l'hymne du populicide de 14-18 et des guerres coloniales, entre autres. C'est pourquoi notre Directoire secret, guidé en cela par la pensée et l'action du grand Russe, s'apprête à scissionner d'avec les Gilets, en créant le canal authentiquement révolutionnaire de l'épisode insurrectionnel du moment : le mouvement des Gilets jaunes / étuis clitorido-péniens multicolores. Il est vrai que toute motivation esthétique n'a pas été absente du bouillonnement réflexif ayant abouti à cette nouvelle formation, dont vous entendrez parler très prochainement, croyez-nous !
   Vive le radieux mouvement des Gilets jaunes / étuis clitorido-péniens multicolores !

L'Internationale sera le genre humain !


   - Yasunari Kawabata.- Le Maître ou le tournoi de Go.
   Une partie de Go qui dure six mois, entre un vieux Maître mourant et un jeune septième dan (eh oui, les "grades" de go sont les mêmes que dans les arts martiaux) à la vessie impatiente. La rencontre de deux générations, et de deux Japon. L'ancien, dont la hiérarchie s'attachait aux pouvoirs symboliques, le nouveau, dont celle-ci prend comme cache sexe et justificatif la réglementation comptable. Mais dans le cadre de cette partie à rallonge (en trois sets, à Tokyo, Hakoné et Ito, il est vrai que l'hospitalisation du Maître pendant quelques mois fait une bonne coupure), dans laquelle les adversaires sont reclus pour ne pas laisser les influences extérieures impacter la partie, le monde extérieur (a fortiori la politique) est absent, si ce n'est l'environnement proche qui donne l'occasion d'irruptions brèves et furtives, et par là sensiblement évocatrices à la manière d'un haiku, de la nature. On est dans un huis clos obsessionnel de 361 intersections et d'autant de pierres noires et blanches, belle image de l'addiction, mais aussi des degrés de raffinement, d’incongruité et d'intensité auxquelles les activités humaines de divertissement peuvent atteindre.
   Il y a beaucoup de nostalgie dans ces évocations d'un Japon et de ses modes et arts de vivres dont les traditions se perdent. D'ailleurs l'auteur est un peu un anti-Bakounine, puisque ne supportant pas l'égalité et la démocratie (évidemment Bakounine n'aimait pas non plus la pseudo égalité des démocraties parlementaires capitalistes, mais là on est davantage dans une opposition réactionnaire). Comme son disciple et ami Mishima, il s'est suicidé, mais pas par seppuku, au gaz. On constate par moment ce regret du passé hiérarchique et despotique dans les conflits entre les règles du jeu tatillonnes exigées par les modernes, et l'habitude de respect des prérogatives et du prestige du maître pour les autres.

Nostalgie, quand tu nous tiens ! Chant : Mitsuko Horie.

   Enfin, les amateurs de suspense seront déçus : on connaît le vainqueur dès les premières pages.

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