Écoutez,… Faites silence…
La triste énumération
De tous les forfaits sans nom,
Des tortures, des violences
Toujours impunis, hélas !
Du criminel Fantômas.
2
Lady Beltham, sa maîtresse,
Le vit tuer son mari
Car il les avait surpris
Au milieu de leurs caresses.
Il coula le paquebot
Lancaster au fond des flots.
3
Cent personnes il assassine.
Mais Juve aidé de Fandor
Va lui faire subir son sort
Enfin sur la guillotine…
Mais un acteur, très bien grimé,
À sa place est exécuté.
4
Un phare dans la tempête
Croule, et les pauvres bateaux
font naufrage au fond de l’eau.
Mais surgissent quatre têtes :
Lady Beltham aux yeux d’or,
Fantômas, Juve et Fandor.
- Fantômas à l'ombre de la guillotine de Louis Feuillade, avril 2013.
5
Le monstre avait une fille
Aussi Jolie qu’une fleur.
La douce Hélène au grand cœur
Ne tenait pas de sa famille,
Car elle sauva Fandor
Qu’était condamné à mort.
6
En consigne d’une gare
Un colis ensanglanté !
Un escroc est arrêté !
Qu’est devenu le cadavre ?
Le cadavre est bien vivant
C’est Fantômas, mes enfants !
7
Prisonnier dans une cloche
Sonnant un enterrement
Ainsi mourut son lieutenant.
Le sang de sa pauv’ caboche
Avec saphirs et diamants
Pleuvait sur les assistants.
8
Un beau jour des fontaines
Soudain chantèr’nt à Paris.
Le monde était surpris,
Ignorant que ces sirènes
De la Concorde enfermaient
Un roi captif qui pleurait.
- Juve contre Fantômas de Louis Feuillade, septembre 1913.
Incroyable, on ne reconnaît vraiment pas Jean Marais ! Immense comédien !*
9
Certain secret d’importance
Allait être dit au tzar.
Fantômas, lui, le reçut car
Ayant pris sa ressemblance
Il remplaçait l’empereur
Quand Juv’ l’arrêta sans peur.
10
Il fit tuer par la Toulouche,
Vieillarde aux yeux dégoûtants,
Un Anglais à grands coups de dents
Et le sang remplit sa bouche.
Puis il cacha un trésor
Dans les entrailles du mort.
11
Cette grande catastrophe
De l’autobus qui rentra
Dans la banque qu’on pilla
Dont on éventra les coffres…
Vous vous souvenez de ça?…
Ce fut lui qui l’agença.
12
La peste en épidémie
Ravage un grand paquebot
Tout seul au milieu des flots.
Quel spectacle de folie !
Agonies et morts hélas !
Qui a fait ca ? Fantômas.
- Holy Motors de Leos Carax, 2012.
Une oeuvre très étrange, sans rapport avec Fantômas, si ce n'est le thème de la métamorphose, surprenant, qui tient en haleine d'un bout à l'autre par un suspense certain malgré le côté "film à sketchs". Un film sur le cinéma, qui disparaît, ma bonne dame ! remplacé par le panopticum sécuritaire, le narcissisme du selfie et la crétinisation des youtubeurs. Au delà du sens caché mystérieux, on se fait plaisir avec cette suite de scènes de films de genre, souvent glauques, et le fantastique de l'ensemble. Je n'ai rien vu d'autre de ce réalisateur, qui à l'époque de la sortie des Amants du Pont-Neuf m'apparaissait comme un branchouille, pur préjugé que je ne puis aujourd'hui ni confirmer ni infirmer.
13
Il tua un cocher de fiacre
Au siège il le ficela
Et roulant cahin-caha,
Malgré les clients qui sacrent,
Il ne s’arrêtait jamais
L’fiacre qu’un mort conduisait.
14
Méfiez-vous des roses noires,
Il en sort une langueur
Épuisante et l’on en meurt.
C’est une bien sombre histoire
Encore un triste forfait
De Fantômas en effet !
15
Il assassina la mère
De l’héroïque Fandor.
Quelle injustice du sort,
Douleur poignante et amère…
Il n’avait donc pas de cœur,
Cet infâme malfaiteur !
16
Du Dôme des Invalides
On volait l’or chaque nuit.
Qui c’était ? mais c’était lui,
L’auteur de ce plan cupide.
User aussi mal son temps
Quand on est intelligent !
L'intégral.
17
À la Reine de Hollande
Même, il osa s’attaquer.
Juve le fit prisonnier
Ainsi que toute sa bande.
Mais il échappa pourtant
À un juste châtiment.
18
Pour effacer sa trace
Il se fit tailler des gants
Dans la peau d’un trophée sanglant,
Dans d’la peau de mains d’cadavre
Et c’était ce mort qu’accusaient
Les empreintes qu’on trouvait.
19
À Valmondois un fantôme
Sur la rivière marchait.
En vain Juve le cherchait
Effrayant vieillards et mômes,
C’était Fantômas qui fuyait
Après l’coup qu’il avait fait.
20
La police d’Angleterre
Par lui fut mystifiée.
Mais, à la fin, arrêté,
Fut pendu et mis en terre.
Devinez qui arriva :
Le bandit en réchappa.
21
Dans la nuit sinistre et sombre,
À travers la Tour Eiffel,
Juv’ poursuit le criminel.
En vain guette-t-il son ombre.
Faisant un suprême effort
Fantômas échappe encor.
22
D’vant le casino d’Monte-Carlo
Un cuirassé évoluait.
Son commandant qui perdait
Voulait bombarder la rade.
Fantômas, c’est évident,
Était donc ce commandant.
23
Dans la mer un bateau sombre
Avec Fantômas à bord,
Hélène Juve et Fandor
Et des passagers sans nombre.
On ne sait s’ils sont tous morts,
Nul n’a retrouvé leurs corps.
24
Ceux de sa bande, Beaumôme,
Bec de Gaz et le Bedeau,
Le rempart du Montparno,
Ont fait trembler Paris, Rome
Et Londres par leurs exploits.
Se sont-ils soumis aux lois ?
25
Pour ceux du peuple et du monde,
J’ai écrit cette chanson
Sur Fantômas, dont le nom
Fait tout trembler à la ronde.
Maintenant, vivez longtemps,
Je le souhaite en partant.
FINAL
Allongeant son ombre immense
Sur le monde et sur Paris,
Quel est ce spectre aux yeux gris
Qui surgit dans le silence ?
Fantômas, serait-ce toi
Qui te dresses sur les toits ?
Robert Desnos, 1933.
Mes dernières actu ciné.
* Après d'épuisantes recherches il appert que Jean Marais n'est pour rien dans cette histoire, il s'agit en fait de René Navarre, qui se faisait arrêter dans la rue par les gens criant d'enthousiasme "c'est Fantômas ! c'est Fantômas", le star système n'existant pas à l'époque (1913-1914).
Merveilleux Desnos!
RépondreSupprimerEn ce qui concerne Carax, pour être allé voir "Mauvais sang" à sa sortie, on l'avait également remisé dans la catégorie des branchouilles inutiles. De toute façon, il y avait à l'époque une malédiction sur les réalisateurs dont les noms s'achevaient en X : Beinex, Carax, Bessonx...
Hi ! hi ! En plus ils ne sont même pas classés X.
SupprimerTu devrais revoir "Mauvais sang", Jules : son esthétique brute n'a rien à voir avec les enluminures sirupeuses des Beineix ou Besson de l'époque (je précise, parce que "Le dernier combat", c'était tout de même prometteur), contrairement à qui Carax s'est toujours montré sans concession. Le propos du film est aussi franc que ses couleurs (auxquelles on ne peut s'empêcher de penser en voyant la récente adaptation de "Laissez bronzer les cadavres"), tout en déployant la thématique surréaliste échevelée de l'amour fou (et égaré, naturellement, comme en témoigne la fugitive vision finale de la fille qui pleure sur le trottoir, que croise le gang filant en voiture vers l'aéroport en chantant à tue-tête "Parce que" d'Aznavour et où il s'avère que c'était elle, et non Binoche, dont Denis Lavand s'était épris en coup de foudre au début du film).
RépondreSupprimerA mon sens, Carax est toujours époustouflant - sauf peut-être dans le trop emberlificoté "Pola X" - et se démarque entièrement des effets de pacotille dont tant usent si souvent : ce n'est pas un tricheur mais un joueur, très proche de Rimbaud (à qui on doit le titre de ce deuxième long-métrage).
Ok George, dont acte. J'avoue que ma petite pique sur Carax était aussi un appel du pied pour en savoir plus sur lui. C'est désormais chose faite grâce aux avis des éclairés aficionados que vous êtes, Jules et toi. Je surveille donc mon ciné-club et scrute les rayons de la médiathèque avec une parcimonie toujours plus ciblée. D'ailleurs il est prévu que j'emprunte aussi tôt que possible les "cadavres bronzant" qui s'y trouvent...
SupprimerBon. Dont acte. Vu que ça date de 1986, on ira revoir ça à l'occase.
RépondreSupprimerMais c'est bien parce que c'est vous, cher arbitre des élégances.
Et on se demande encore ce qu'Hugo Pratt venait faire là-dedans.
Hugo Pratt... Tu peux en dire plus Jules ? J'ai beau faire un Ctrl F sur la fiche Wiki de l'artiste, je ne trouve rien. Tiens, je vais essayer de chercher Carax sur la fiche de Pratt, ça m'occupera en ce lundi matin !
RépondreSupprimerSi je me souviens bien, le gros tient un petit rôle dans Mauvais sang.
RépondreSupprimerIl me souviens qu'il était meilleur scénariste et dessinateur qu'acteur.