vendredi 21 juin 2019

La dose de Wrobly : prairial 2019 EC


- Roland Sadaune.- Terminus Saint-Lazare

Gare Saint-Lazare de Claude Monet, 1877.

   A mon étonnement un bon petit polar, dans cette édition et cette collection d'intérêt local. C'est écrit simplement avec une dose d'ironie désabusée, le suspense est bien entretenu ainsi que la tension des scènes d'action. La thématique générale de la diégèse criminelle, tournant autour des artistes fanatiques de... la SNCF, des gares et des trains, est assez décalée pour qu'on puisse parler d'humour, pas inefficace, en contrepoint de la gravité des évènements dramatiques contés. La fiction m'a d'autant plus attaché qu'elle évoque un territoire et des lieux que j'ai longtemps arpentés au cours de ma vie (outre les trains et gares de banlieue, notamment le IXème - quartier de l'Europe... -, le XVIIème nord - rue de Rome - "le quartier des luthiers" -, les Batignolles... - et le XVIIIème - Montmartre...-), et que j'arpente pour certains encore aujourd'hui, même si mes trajets restent désormais confinés en banlieue, à une manif ou une sortie culturelle près, suite à mon exil de 2008 de la périphérie, intra-muros malgré tout, aux confins dortoirs de l'Ile-de-France. Mes déplacements Sarcelles ou Villiers-le-Bel / St-Denis, St-Denis / Villiers-le-Bel ou Sarcelles finiraient par trouer le papier sur lequel le schéma de ma mobilité serait retracé, vous vous souvenez, comme dans l'I.S., la survie d'une étudiante résumée par quelques segments sur une cartographie de ses déplacements quotidiens dans Paris (géométrie existentielle). Par ailleurs j'ai pu ressentir une inspiration Jonquiesque de l'écrivain, dans les monologues intérieurs de personnages ravagés par exemple, ou dans les situations insupportables, même si ici il n'y a pas la complaisance de l'auteur de Mygale dans le glauquissime et l'horreur (qui au bout d'un temps peuvent finir par lasser, ou dont la pénibilité n'est plus compensées par la sidération des premières lectures). Il y a évidemment une différence de catégorie, on est ici dans un petit polar de banlieue, pas dans les œuvres magistrales de Jonquet, la différence de valeur littéraire entre les deux étant directement proportionnelle à l'écart de prestige existant entre vie banlieusarde et vie parisienne. Peut-être d'ailleurs que cette influence n'existe que dans ma tête, après tout Jonquet est l'auteur de roman noir français que j'ai le plus lu, quasi intégralement, donc comme pôle de comparaison il m'est particulièrement privilégié.

Le Chemin de fer d'Edouard Manet, 1872. Avec celui de Monet, ce tableau se révèlera avoir une importance capitale pour le dénouement de l'énigme !


- Agatha Christie.- Le Crime du golf.
   Qui à poignardé le gus et l'a laissé face contre terre dans une tombe ouverte du golf ? Poirot nous le dira. 2ème Poirot, 3ème roman de l'intégrale. Comme c'est reposant de se laisser porter par un bon whodunit des familles !


- Charles Baudelaire.- Œuvres complètes.
   Retour dans le plus ardu. Mais l'art encore. L'Art devrais-je écrire tant Charlot en fit, avec d'autres moins doués que lui, une sorte de théologie. J'en suis donc, depuis la dernière fois, à la partie critique picturale de l’œuvre du poète atrabilaire. Les Salons, pour commencer. Je débute avec celui de 1845, le futur condamné en correctionnelle n'avait que 24 ans, mais il prend déjà ce ton arrogant et péremptoire qui agace parfois. Dommage parce qu'en matière de jugement sur la peinture, comme de création poétique, c'était un cador, il a rarement été contredit par les décrets de la postérité. Mais il s'est trompé quand même quelques fois, en boudant Ingres par exemple, en éreintant Manet, ou, mais c'est anecdotique, par son "éloge violent" du tableau ci-dessous, aujourd'hui, comme son auteur, illustrement inconnu.

La Fontaine de Jouvence de William Haussoullier, 1843.

"Il est beau d'avoir un succès à la Saint-Symphorien", nous dit Baudelaire. Le Martyre de saint Symphorien d'Ingres, exposé au Salon de 1834, fut le sujet d'inépuisables controverses.

Dante et Virgile aux Enfers d'Eugène Delacroix, 1822. "Que l'auteur songe aux clameurs qui accueillirent le Dante et Virgile, et qu'il persévère dans sa propre voie", encourage le poète critique d'art. Baudelaire vouait à Delacroix une admiration fervente. C'était comme qui dirait son idole.

   Je sens que je vais bouffer de l'art cet été...

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