J'emprunte donc les ryus*.
Aérien. Mouillé.
Mercredi 24 avril 2019
*ryu = dragon
6h30, Doshu. Je tombe sur un partenaire jeune Irlandais vivant à Tokyo. Dès le début, soit fatigue, soit surprise de redécouvrir dans ce petit coq occidental un comportement qu'on croise souvent chez nous, une suffisance cavalière de personne se pensant arrivée, en terrain conquis, avec un air concentré et détaché à la Honk Kong Fu Fu. Toujours est-il que je me braque instantanément et mon énervement se transmet à ma pratique, qui s'oriente un peu vers l'agressivité. Autant dire qu'il commence par avoir du mal à me faire chuter, et qu'il frise une fois ou deux de prendre ma main, très souple, mais ni retenue ni ralentie, sur la gueule. Et puis, à peine quelques minutes (secondes ?) passent et... Doshu est là, près de moi, et me regarde, étonné, presque déçu. Ça me calme tout de suite. Je rentre dans de meilleurs dispositions, notre pratique s'apaise. Le jeune Irlandais me parle, me demande d'où je viens, je lui renvoie la question... bref, on devient presque copains. Incroyable ! Vu le nombre d'étudiants sur le tatami - on peut à peine chuter sans se rentrer dedans -, après sa démonstration au centre, il a senti immédiatement qu'il y avait de mauvais vibrations quelque part, que la Force était perturbée, et s'est trouvé là, instantanément à l'endroit tendu, ainsi venu, calmant le jeu par sa seule présence attentive et bienveillante. Bluffant (maintenant, au-delà des faits extérieurs rigoureusement exacts, j'ai peut-être fantasmé l'interprétation d'iceux...) !
Bon, vous me suivez toujours ?...
Je décide d'aller dans le quartier d'Odaiba, l'"anti-Yanaka (voir Nihon Yôkoso précédent)" : à l'autre bout de Tokyo, c'est un quartier totalement artificiel, construit sur des terres gagnées sur la mer. Pas que cela m'attire particulièrement. Cependant, pour s'y rendre, l'on peut emprunter une ligne de métro qui n'aurait rien à envier aux montagnes russes de la foire du Trône, d'autant plus qu'elle survole la baie de Tokyo ! Ça fait longtemps que je ne suis pas monté dans un manège, allons-y !
Et puis, au bout, le Pacifique ! Si j'avais su qu'un jour je verrais de mes yeux ce géant, ailleurs que dans les romans de Conrad, au cinéma ou dans les Têtes brûlées. Malheureusement le temps ne se prête pas à un petit bain, ce n'est peut-être même pas autorisé.
Suite du programme : Asakusa (prononcer Asaxa), vous savez, l'un des deux quartiers du manga évoqué dans Nihon Yôkoso VII. Pour m'y rendre j'ai le choix : reprendre le métro, ou bien grimper sur un bateau pour traverser la baie (à mon arrivée à l'aéroport j'ai acheté une carte rechargeable qui m'a permis d'utiliser tranquillou métro, trains de banlieue, bus, à Tokyo comme en province, ainsi que le bateau : bien pratique). Je décide finalement d'emprunter le Nautilus, en tout cas ça lui ressemble.
J'ai beaucoup aimé Asakusa. Bien avant Shinjuku et Shibuya, jusqu'à la seconde guerre mondiale, c'était le quartier où l'on aimait sortir. Puis il a perdu de sa prépondérance et à fini par être trouvé démodé par la jeunesse des 60's.
L'entrée de l'allée aux souvenirs aboutissant au temple Senso-ji, le plus célèbre de la ville. Je l'enquille pedibus, me tape une glace et un beignet typique, et achète quelques jolies merdouilles à offrir au retour.
Après le temple bouddhiste, ne sachant plus trop ou porter mes pas, je me dirige vers la Skytree, une de ces tours gigantesque à l'architecture futuriste qu'apparemment semblent affectionner les urbanistes tokyoïtes...
Elle se révélera être un temple, elle aussi, mais de la consommation. Je m'y achète des cakes (du sucre !).
Par exemple.
De retour dans mon quartier, j'avise un resto cave de jazz. Je me fais ce plaisir avant d'aller au sentô puis au dodo. Un excellent trio. Et puis je ne me suis pas trop senti oppressé par la promiscuité légendaire de la grande ville : nous étions 7 spectateurs mélomanes dans la salle !
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