Et bien voilà, avec ces trois films j'épuise la filmographie du grand Akira Kurosawa, découverte majeure pour moi de cette année, même si j'avais déjà vu Chien enragé il y a quelques années. Enfin quand je dis la filmographie, je parle du stock de DVD de la bibliothèque. Je ne crois pas qu'ils ont tout. Il me restera donc peut-être d'autres magnifiques rencontres à faire, tant mieux !
- Dodes'kaden (どですかでん, Dodesukaden) d'Akira Kurosawa, 1970.
L'ami CHROUM-BADABAN m'en avait parlé dans un commentaire de mon actualité cinématographique comprenant les Bas-Fonds du même Kurosawa d'après Gorki. Il est vrai que les thématiques sont semblables : la survie dans la misère, et ses acmés de poésie. Ici cependant nous ne sommes pas dans un trou, mais dans un bidonville en pleine lumière, aéré et dégagé. Et en couleur : c'est le premier opus du réalisateur qui en bénéficie. Un pur chef d’œuvre, encore ! On est tenu en haleine et émerveillé par la beauté des images, hilare ou épouvanté, en suivant les péripéties sordides de cette humanité damnée. Sillonnée par ce pauvre petit gosse qui se prend pour un tramway et qui scande le beat du moteur en traversant les terrains vagues : "Dodes'kaden - dodeskaden - dodekaden".
Ce film fut un échec. Il paraît que Kurosawa en fit une dépression, tenta de se suicider et faillit arrêter là son œuvre. Heureusement, il n'en fit rien.
Ce film fut un échec. Il paraît que Kurosawa en fit une dépression, tenta de se suicider et faillit arrêter là son œuvre. Heureusement, il n'en fit rien.
- Je ne regrette rien de ma jeunesse (わが青春に悔なし, Waga seishun ni kuinashi) d'Akira Kurosawa, 1946.
Un peu l'anti Le Plus dignement. On se souvient que ce dernier film était une fiction de propagande "stakhanoviste" de guerre. Ici on a, sur fond d'amour fou à la Breton, ou sublime à la Péret, un film de résistance au militarisme, au fascisme, au nationalisme, à l'expansionnisme du Japon, des années 30 à la fin de la guerre. La mise en scène de la répression impitoyable et et de l'ostracisme pratiqué à l'égard des réfractaires peut aider à comprendre pourquoi Kurosawa a commis son film collaborationniste de 1944, au plus fort de la guerre. En tout cas il s'est bien rattrapé avec celui-ci, qui, esthétiquement et narrativement, incomparablement, est une œuvre bouleversante quand l'autre n'est qu'une navrante réclame patriotique. Et éthiquement il nous convient aussi, c'est tout bénef'.
- Qui marche sur la queue du tigre (虎の尾を踏む男達, Tora no o o fumu otokotachi) d'Akira Kurosawa, 1945.
Un court métrage qui préfigure les grands films de samouraï ultérieurs. Je suis d'ailleurs resté sur ma faim quand le film s'est terminé. Nous sommes ici sur le ton de la comédie picaresque. Nulle violence ne sera finalement employée, mais la ruse. Le porteur Sancho Pancesque jouant bouffonnement au faire valoir des 7 samouraïs déguisés en ascètes bouddhistes montagnards (yamabushis).
- Les 7 samouraï (七人の侍, Shichinin no samurai) d'Akira Kurosawa, 1954.
Mais peut-être sont-ils revenus, de novembre à juin, sur les ronds-points de France et de Navarre... Peut-être reviendront-ils lors de nouveaux combats épiques remuer dans leur routine mes travaux quotidiens et s'attaquer de concert à mon inertie et aux pilleurs de vie (ampoulé et maladroit, ok, mais l'instant valait que je tente quelque chose, que j'élargisse et dégage des points d'horizon).
Ma dernière actu ciné. Snif.
- Les 7 samouraï (七人の侍, Shichinin no samurai) d'Akira Kurosawa, 1954.
A propos de samouraïs au fait, ce n'était pas tout à fait vrai que j'avais épuisé la resserre de la bibliothèque. Il me restait, attendant patiemment que je trouve à disposer de trois heures et demie, le cultissime Sept samouraïs, que je n'avais jamais vu, je m'étais arrêté à Yul Brynner ! C'est maintenant chose faite. Un grand moment, dont la fin entre en résonance avec le sentiment de deuil qui me traverse au bout de cette série Kurosawa. Attention divulgâchage : Où êtes vous Kikuchiyo, Gorobei Katayama, Kyuzo, Heihachi Hayashida ? Où est le Wroblewski vierge de l’œuvre de Kurosawa, prêt à en prendre plein les mirettes et le ventre ? Il est en allé. Ils sont passés.
Mais peut-être sont-ils revenus, de novembre à juin, sur les ronds-points de France et de Navarre... Peut-être reviendront-ils lors de nouveaux combats épiques remuer dans leur routine mes travaux quotidiens et s'attaquer de concert à mon inertie et aux pilleurs de vie (ampoulé et maladroit, ok, mais l'instant valait que je tente quelque chose, que j'élargisse et dégage des points d'horizon).
Ma dernière actu ciné. Snif.
Je me le suis payé en DVD Dodes-kaden et je le regarde en ce moment !
RépondreSupprimerC'est quand même un sacré film, putain de dieu !
Si je trouve un moyen technique ta mère informatique, je le mets en ligne !
Oui, magnifique, drôle et terrible ! Tiens-moi au jus de tes recherches techniques. C'est vraiment dommage que de tels chefs d’œuvres soient complètement ignorés de nos contemporains...
RépondreSupprimerEt après l'intégrale de Kurosawa, vous nous préparez qui ?
RépondreSupprimerKubrick ? Melville ? Kaurismaki ?
Alors j'ai déjà commencé. Je reste dans ma monomanie du moment... J'en suis à mon deuxième Mizoguchi (j'ai un peu honte de mon grain légèrement obsessionnel et compulsif...). Bon, j'ai vu Les Amants crucifiés et là je suis dans La Rue de la honte. C'est bien, surtout Kyoko Kagawa que j'avais déjà trouvée superbe chez Kurosawa, mais à ce stade, je l'avoue, je préfère grandement celui-ci.
RépondreSupprimerAh ! au fait, entre temps j'ai vu Laissez bronzer les cadavres le film du roman de Manchette dont George nous avait vanté les mérites. Oui, bien, beau, Leone et Tarantino sont bien là (je les aime sans aucune réflexion ni justification, ils me prennent et ne me lâchent plus), et Manchette. Mais les procédés sont trop caricaturaux à mon goût (les gros plans, c'est bien, mais là ça en perd en efficacité), idem pour le psychédélique, de très belles images, surtout l'ondinisme à contrejour, mais là aussi je trouve qu'il y en a trop, ça casse le rythme et l'efficacité du déroulement du scénario. Mises à part ces quelques réserves, j'ai bien aimé. Content de voir que Bernie est toujours vivant et qu'il a l'air en forme.
Bon, bref. Et vous, des petites toiles de derrière les fagots ces temps derniers ?
C'est marrant, je viens aussi de me taper "Laissez bronzer..." qui ne m'a pas, mais alors pas du tout convaincu. Pour les mêmes raisons, en gros, j'ai trouvé ça prétentiard au possible. Et comme je n'aime pas Tarentino...
RépondreSupprimerRevu avec plaisir le très beau film de Dong Yue "Une pluie sans fin" que j'ai encore plus aimé que la première fois, l'été dernier au cinoche. Et revu avec bonheur le "RAS" de Boisset, film sur la guerre d'Algérie un peu foutraque mais qui m'avait causé un choc quand j'étais môme.
Par ailleurs vient de sortir un film argentin "Rojos" qui m'a l'air tout à fait regardable.
Voilou.
Troublante coïncidence, en effet... Merci pour ces quelques pistes, j'enregistre dans un coin. J'aime bien Boisset, des souvenirs d'enfance aussi, videmment. Il lui a été reproché de ne faire que des films politiques, mais quand c'est bien fait et efficace, et que ça va dans le bon sens, c'est aussi émouvant que la mise en image et en fiction d'autres champs de l'imaginaire, sinon plus, selon les sensibilités.
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