"He would go at once to a bar and drink off glass after glass as fast as its tutelar genius could mix them."
John Moncure Daniel, à propos d'Edgar Allan Poe.
Dernier stage de Yamaguchi Sensei en France en 1995. Des uke prestigieux :
Alain Tendron, Bernard Palmier, Patrick Benezi,
le regretté Pascal Norbelly, Franck Noël, pour ceux que je connais.
Je ne pratiquais pas encore cet art à l'époque. Cette année là j'arpentais les boulevards des manifs une bouteille à la main, en battant les maisons et en trébuchant. Je commençai deux ans plus tard, pressentant que cette pratique pourrait m'être une aide contre l'impitoyable obsession, une porte de sortie hors de l'enfer insoutenable caractérisant les dernières années de ma maladie active.
Je ne sais si l'aïkido m'aida réellement en soi pour devenir abstinent. Ce que je sais, c'est que cette discipline fut un véritable facteur de bien être et d'équilibre après. Ce dont je me souviens aussi, c'est que j'y subis, avant, parmi les nombreuses humiliations cuisantes de cette jeunesse crucifiée, l'une des blessures les plus douloureuse pour mon orgueil (on a beau être au fond de la déchéance et de la souffrance, on n'en conserve pas moins un orgueil maladif, fusse-t-il négatif - je ne serai pas le plus aimé, je serai le plus destroy - père du déni, l'une de ces forces despotiques qui nous mènent sûrement, sauf miracle - laïc hein, cool ! -, en prison, à l'asile ou au cimetière) : je me fis (gentiment) virer du tatami pour état d'ivresse.
Quelques semaines après, les évènement de ce temps sont très flous, je me retrouvais en pré-delirium tremens aux urgences de Chamonix, d'où je fus emmené en ambulance à une charmante clinique (qui n'en est plus une aujourd'hui, tout a changé là-bas, le petit coin de campagne montagneuse paradisiaque est transformé en zone pavillonnaire) de la banlieue de Grasse, Alpes-Maritimes, pour m'y sevrer et y apprendre à faire mes premiers pas dans la vie adulte sans faire usage d'alcool. J'y passai le plus beau mois de mars de ma vie. Vie qui n'a rien eu à voir par la suite avec le long hiver du "singe" de Blondin puis de Verneuil, même si ça a été loin d'être facile tous les jours.
Cela fait vingt et un ans aujourd'hui que gavé de valium et ne tenant pas debout, j'arrivai à ce lieu de cure. Depuis vingt et un ans, aucune molécule d'éthanol n'a pénétré mon sang (que je sache en tout cas).
Le prof qui m'a viré du tatami, c'est un des uke de Yamaguchi sensei ci-dessus, le plus petit, pris souvent. Je vais le retrouver à Tokyo, au mois d'avril. J'aurais jamais été aussi loin. On va encore chuter et se relever, chuter et se relever et chuter et se relever encore.
Je ne sais si l'aïkido m'aida réellement en soi pour devenir abstinent. Ce que je sais, c'est que cette discipline fut un véritable facteur de bien être et d'équilibre après. Ce dont je me souviens aussi, c'est que j'y subis, avant, parmi les nombreuses humiliations cuisantes de cette jeunesse crucifiée, l'une des blessures les plus douloureuse pour mon orgueil (on a beau être au fond de la déchéance et de la souffrance, on n'en conserve pas moins un orgueil maladif, fusse-t-il négatif - je ne serai pas le plus aimé, je serai le plus destroy - père du déni, l'une de ces forces despotiques qui nous mènent sûrement, sauf miracle - laïc hein, cool ! -, en prison, à l'asile ou au cimetière) : je me fis (gentiment) virer du tatami pour état d'ivresse.
Quelques semaines après, les évènement de ce temps sont très flous, je me retrouvais en pré-delirium tremens aux urgences de Chamonix, d'où je fus emmené en ambulance à une charmante clinique (qui n'en est plus une aujourd'hui, tout a changé là-bas, le petit coin de campagne montagneuse paradisiaque est transformé en zone pavillonnaire) de la banlieue de Grasse, Alpes-Maritimes, pour m'y sevrer et y apprendre à faire mes premiers pas dans la vie adulte sans faire usage d'alcool. J'y passai le plus beau mois de mars de ma vie. Vie qui n'a rien eu à voir par la suite avec le long hiver du "singe" de Blondin puis de Verneuil, même si ça a été loin d'être facile tous les jours.
Cela fait vingt et un ans aujourd'hui que gavé de valium et ne tenant pas debout, j'arrivai à ce lieu de cure. Depuis vingt et un ans, aucune molécule d'éthanol n'a pénétré mon sang (que je sache en tout cas).
Le prof qui m'a viré du tatami, c'est un des uke de Yamaguchi sensei ci-dessus, le plus petit, pris souvent. Je vais le retrouver à Tokyo, au mois d'avril. J'aurais jamais été aussi loin. On va encore chuter et se relever, chuter et se relever et chuter et se relever encore.
Banzaiiii !
C'est très beau, l'aïkido. J'ai pratiqué également l'alcoolisme, mais de façon beaucoup plus modeste que vous - en dilettante, comme tout le reste.
RépondreSupprimerLa boxe française m'a beaucoup plu, mais je me suis tourné en définitive vers le karaté, plus débonnaire et surtout plus efficace contre les obsessions. Et puis, j'ai toujours aimé lever le pied.
Tout comme vous, je suis condamné aux katas à vie, mais ça ira, enfin peut-être.
Koshi nage caprines pensées pour vous.
Salut Marquis !
RépondreSupprimerPour ma part j'ai commencé tout petit avec le judo. J'aimais bien, mais la compétition me glaçait. C'est ce qui est dommage avec ces budos traditionnels que sont le judo (Teddy Riner, évidemment grand champion, mais 6ème dan à 26 ans !!!) et le karaté, d'avoir été transformés en sports de compétition, aux règles serrées pour pouvoir mesurer des performances équivalentes, et où seule la technique pour le podium face à l'adversaire compte. Jigoro Kano, par ailleurs copain de Ueshiba Morihei, aurait fait une drôle de trombine en voyant cela.
Mais il est vrai que la karaté, après la compèt', conserve une dimension spirituelle, dans les katas justement.
Enfin, je ne suis pas spécialiste.
J'ai fait aussi quelque initiation à la boxe pieds-poings, et je trouve la boxe française très élégante, souple, déliée et dynamique, agréable contrairement aux autres (thaï, etc.), plus bourrines.
Quant aux disciplines de self défense à la mode : Kraft Maga, Systema, Ju Jitsu, franchement, passer 20 ou 40 ans de ma vie à apprendre à me battre, je ne vois pas l'intérêt, surtout que la situation d'une agression a peu à voir avec ce qu'on apprend dans le gymnase. Et puis les flics sont plus nombreux, surarmés et surprotégés, et toute victoire face à l'un d'eux me mènerait directement à la case prison.
Merci de votre visite !
Matane !